Si l’habit ne fait pas le moine, il en dit tout de même assez long pour se faire une idée des influences de son propriétaire. On pourrait difficilement imaginer un rappeur en soutane électriser les foules (quoique…) ou voir un prêtre célébrer la messe portant casquette haute et sneakers bariolés. Car en effet, la mode vestimentaire est question de revendications sociales, politiques ou émancipatrices. Ce n’est donc pas un hasard si le prêt à porter est toujours en train de se réinventer…
Figure emblématique de cette mode politisée, le style vestimentaire Streetwear regroupe un grand nombre de pratiques, plus ou moins codées, mais toujours rebelles. Véritable vecteur d’affirmation de la culture underground des années 80, il n’a jamais cessé d’évoluer, de muter et de s’adapter aux aspirations des nouvelles générations qui l’ont repris peu à peu à leur compte. Au point de devenir aujourd’hui, un véritable courant à part, aussi à l’aise dans la street que sous les sunlights… Présentation.
Le Streetwear des origines
Pour se démarquer de la mode somme toute assez puritaine des années 80, les rappeurs et les skateurs de New York, suivant les tendances des gangs de rue, se tournent vers des vêtements Wasp, emblématiques du prêt à porter américain comme Tommy Hilfiger ou Calvin Klein. Portés oversized et associés à d’autres vêtements amples, plus adaptés à la pratique du breakdance, ils font florès dans le monde du hip-hop et du skate, surtout pendant les années 90.
Portés par des groupes comme NWA ou Run DMC, le style vestimentaire streetwear envahit les rues de la planète. Spike Lee et son film « Do the Right Thing » participe allègrement à la diffusion de ce mouvement, qui marque un retour vers des vêtements plus fonctionnels et moins contraignants. Le monde du hip hop est particulièrement réceptif et des groupes emblématiques comme le Wu Tang Clan iront jusqu’à créer leur propre marque, diffusant toujours plus loin ce style, des rues de NY jusqu’aux quartiers chauds de Tokyo, où se sont épanouis les vêtements japonais streetwear.
Du ghetto aux podiums
A l’aube du millénaire, le style vestimentaire Streetwear reflue au profit d’une mode plus rock, plus noire et plus minimaliste. Les créateurs délaissent ce style voyou et ostensiblement rebelle pour retourner vers la contrainte d’une élégance corsetée. Il faudra attendre quelques années avant que le hip-hop, encore lui, remette le Streetwear au goût du jour. Joey Starr en France avec sa marque Com8 ou, plus tard, Rihanna et Pharrell Williams, opéreront la liaison définitive entre ce style à part et les codes vestimentaires admis.
Si le Streetwear a aussi bien réussi son virage vers la normalisation, c’est qu’il par essence adaptatif et ne se limite pas par des codes gravés dans le marbre. La génération des baggys a laissé place, sous l’impulsion des skateurs californiens, à des jeans skinny, avant de s’orienter de nouveau vers des coupes plus amples. C’est cette capacité d’adaptation qui fait qu’aujourd’hui, des marques historiques du Streetwear s’associent à des symboles de la mode, comme en témoigne la collaboration entre Supreme et Louis Vuitton.
Les indispensables du look Streetwear
Si le style vestimentaire Streetwear est par nature fluctuant, il n’en reste pas moins qu’il se reconnaît facilement à quelques références assez fixes dans le temps. Les chaussures ont notamment joué un grand rôle dans l’identification de la culture Streetwear. Les sneakers ont développé leur notoriété au point que certaines marques d’aujourd’hui continuent de rééditer des modèles des années 90, comme la fameuse Air Force One de Nike.
La casquette est un autre élément important de ce style de rue. Snap back, visière plate ou five-panel, chaque époque a ses préférences mais la casquette reste un fil directeur de tout adepte du Streetwear. Le T-shirt imprimé et le hoodie sont également largement représentés dans les différentes tendances du Streetwear. Au Japon par exemple, ils se parent de motifs propres à rappeler la culture locale et opèrent un mélange réussi entre modernité et traditions.